mardi 20 juillet 2010

Salta & Jujuy


Située à 1000 mètres d'altitude, sur les premiers contreforts de la cordillère des Andes, la jolie ville de Salta, capitale de la province de même nom, est célèbre pour sa belle architecture coloniale et son climat perpétuellement doux. J'y passe trois jours à visiter les musées (dont un qui nous fait découvrir la momie d'un enfant incas assez flippante, tant elle a été bien conservée), les églises, les rues et autres espaces verts. Le 9 juillet c'est la fête nationale en Argentine, jour de la déclaration d'indépendance, et j'assiste à une petite fête dans laquelle quelques indiens se livrent à une petite danse en costume (mais ça me parait bien touristique quand même...).
Je prévois de partir vers Jujuy le dimanche, juste aprés la finale du mondial. Mais si j'avais su que le match serait aussi nul, je serais parti le matin même! Surtout qu'au moment de me mettre en route, je retrouve le Sylvio avec une roue crevée. Il est 6h du soir lorsque l'avarie est réparée, et c'est à mon tour de me dégonfler : départ reporté à demain.




Lundi 12 juillet : 125 km. Il parait que la route directe qui va de Salta à Jujuy est étroite, dangereuse, et trés vallonée, je vais donc reprendre la nationale utilisée quelques jours plus tôt, celle qui est interdite aux vélos et dont les rebords sont bien cahoteux... La route me fait presque redescendre au niveau de la mer, avant de remonter à 1200 mètres. Si c'est pas scandaleux... Mais ça va, ça ne grimpe pas trop vite, et j'arrive à Jujuy, capitale de la région Jujuy (...) en milieu d'aprés midi.




Mardi 13 juillet : Visite de la ville, moins belle mais plus animée que Salta. Il y a aussi pas mal de boutiques, ce qui tombe bien car je voulais me racheter une nouvelle parca (la dernière étant restée sur un banc à Buenos Aires...). Aprés avoir cherché dans de nombreux magasins, je trouve quelque chose de potable, mais assez cher (70 euros...). Je la prends aprés avoir longtemps hésité, et mis la patience du vendeur à l'épreuve. Puis en sortant du magasin, je passe devant une vitrine, où se vendent des parcas presque identiques à 20 euros... Evidemment, impossible de me faire rembourser la première : je fulmine.




Mercredi 14 juillet : 70 km. Je reste à Jujuy le matin pour finir ma visite de la ville, puis file vers Purmamarca, à quelques kilomètres de là, où se trouve le Cerro de siete colores, une colline composée de strates géologiques de toutes les couleurs. D'abord légèrement vallonée, la route passe ensuite par un col à 2300 mètres, assez pénible à cause du gros vent glacé qui souffle en permanence. Une fois celui-ci passé, on se retrouve dans la Quebrada de Humahuaca, une longue vallée classée au patrimoine mondial pour les magnifiques montagnes qui la bordent. La route longe cette vallée, et monte doucement jusqu'à environ 3500 mètres d'altitude. Arrivée en fin d'aprés midi à l'étape (altitude 2200m). J'ai juste le temps de trouver un camping et planter la tente avant que le froid ne tombe sur la ville.




Jeudi 15 juillet : 25 km. Bravant les températures matinale particulièrement basses, je me traine difficilement hors de la tente pour découvrir le fameux rocher sous la belle lumière du soleil levant. Pas de bol mec : le ciel est couvert de nuages, tu peux repasser demain si tu veux. Tant pis, le panorama reste tout de même superbe, et le village de Purmamarca vaut lui aussi le coup d'oeil, avec ses maisons traditionnelles de pisée et sa jolie petite église. C'est curieux, il a beau être trés touristique, je suis toujours tout seul : les touristes macaques restent systématiquement groupés devant les marchés "artisanaux", et ne bougeront pas leurs grosses fesses de babouins pour grimper en haut d'un belvédère, depuis lequel on a la plus belle vue de la région! Tant mieux, gardez le nez collé à votre Lonely Planet, ça m'arrange bien! Vers 4h je file vers la destination suivante, Tilcara, à 25 kilomètres seulement, mais à une altitude de 2500 mètres (je fais des étapes tous les 500 mètres d'altitude, pour éviter de chopper le mal des montagnes, qui sévit principalement à partir des 3000m). La route est courte et facile, mais je suis bien fatigué en arrivant.




Vendredi 16 juillet : Je suis ballade!!! C'est pour ça que j'étais si naze hier sur la route! Je tremble comme une feuille toute la journée dans mon lit (pas de camping cette fois ci, un petit hôtel pas cher était nécessaire).




Samedi 17 juillet : Requinqué, mais je reste tout de même dans le lit le matin, à faire semblant d'être encore malade (parce qu'aprés tout je suis bien, moi, dans mon lit). Ensuite je file visiter la Garganta del Diablo, un superbe canyon situé à quelques kilomètres de la ville. D'abord tout seul à me promener, je rencontre sur le chemin un jeune indien qui fait une visite guidée à un Brésilien, et me joins à leur petit groupe. On rentre vite en ville avant que la nuit ne tombe, en même temps que la température!




Dimanche 18 juillet : 69 km. Le matin je reste à Tilcara pour y visiter la Pucará, une ville pré-colombienne en ruines qui fut partiellement reconstruite par des archéologues dans les années 50. Muy bien. L'aprés midi, direction Humahuaca, ville située tout au nord de la Quebrada de même nom, et pile à 3000 mètres d'altitude, ce qui m'arrange bien. Il fait toujours super froid, et malgrés que le climat de la région soit extrèmement sec, il neige sans arrêt de petits flocons, depuis 2 jours. Les gens m'expliqueront qu'en fait ces deux jours sont connus comme étant les plus froids de l'année, et que cette année il fait encore plus froid que d'habitude. J'ai vraiment bien choisi le moment pour venir crapahuter sur les sommets moi! Aprés avoir franchi le tropique du Capricorne, j'arrive le soir en ville, et me réfugie dans un hôtel bon marché. J'ai découvert pourquoi il etait pas cher : il est pas terminé! Pas de chauffage, pas d'eau chaude, pas de couvertures en plus sur les lits... Je passe la nuit à trembloter.




Lundi 19 juillet : Aprés avoir vite fait changé d'hôtel, petite visite du village, trés joli, mais évidemment trés touristique. Mis à part les ruelles pavées il n'y a quand même pas grand chose à y voir, et je vais donc me ballader dans l'arrière pays, à la découverte des montagnes environnantes.




Mardi 20 juillet : 62 km. C'est reparti, direction La Quiaca, à la frontière avec la Bolivie. Journée extrèmement pénible, à cause du vent qui me soufflera de face du début à la fin. Venant du nord, il s'engouffre dans la vallée et les canyons à une vitesse folle (120-140 km/h), et la pression qu'il exerce sur ma cage thoracique m'empêche de respirer à mon aise (surtout qu'à cette altitude l'air commence à se faire rare). Aprés avoir traversé le bien nommé canyon de la muerte negra, on sort de la vallée pour déboucher sur les vastes étendues de l'altiplano, une trés vaste région plane, située à environ 3500m d'altitude, où les quelques herbes qui poussent permettent aux habitant l'élevage de llamas et moutons. Visuellement c'est de la pampa, comme en Patagonie, et le vent y souffle toujours aussi fort. Il ne reste que 15 km à faire pour parvenir à l'étape, mais ca commence à être bien dur de pédaler, d'autant plus que le soleil vient de se coucher. Ne voulant pas planter la tente sous le vent, je me résigne à pousser le vélo pendant encore 3 heures, jusqu'au village de Tres Cruces. Là je trouve rapidement un petit restau où prendre un bon menu complet (à 3 euros on va pas se gêner, je suis mort de faim et de soif : l'air est archi-sec). On m'apprend qu'il n'y a pas d'auberge ici, et je vais donc à la recherche d'un abris pour poser la tente. Prés d'un poste de douane il y a une dune qui coupe un peu le vent, et je demande à un gendarme la permission de camper là. Accordée, mais il me prévient qu'il fait -15 degrés la nuit. Pas de soucis, on s'habitue à tout!




Mercredi 21 juillet : 30 km. Malgré la dune, le vent n'a pas cessé d'aplatir la tente sur ma figure toute la nuit. Heureusement qu'elle est résistante ma petite maison de toile! Au matin, les rues du petit village sont battues par les bourrasques qui soulèvent d'énormes nuages de sable, condamnant les gens à rester chez eux. Je me réfugie dans le restau de la veille jusqu'à trois heures de l'aprés midi, espérant une accalmie qui ne viendra pas. Ne voulant pas perdre totalement la journée, je décide de partir vers le prochain village, Abra Pampa, situé non loin d'ici. La patronne me regarde avec des yeux ronds : "Avec ce vent?!". Elle a pas tord la Mamita, aprés 50 mètres je suis déja découragé, et commence le parcours en poussant le vélo. Mais aprés une dizaine de kilomètres la route se met à monter, coupant le vent de face, ce qui me permet de remonter en selle. Aprés avoir passé un petit col à 3780m, elle redescent en effectuant un virage à 90 degrés, permettant une augmentation de la vitesse que je n'espérais plus. J'arrive finalement à Abra Pampa plus tôt que prévu.




Jeudi 22 juillet : 51 km. Bien que plus léger, le vent reste de face, et ça commence à me gonfler sérieusement! A midi, je croise un cycliste english, qui va vers le sud. Aprés le traditionnel échange d'infos , je fais remarquer au roastbeef qu'il n'est pas trés chargé, ce à quoi il me répond qu'il s'est fait braquer et voler ses deux sacs avant au pérou. J'aurais peut-être dû emmener ma cotte de maille avec moi finalement... Ensuite la route se poursuit, monotone, jusqu'à ce que je pose la tente en contrebas de la route. On finira demain!




Vendredi 23 juillet : 27 km. Dernière étape avant de rejoindre la dernière ville Argentine de ce voyage : La Quiaca. Le vent est beaucoup plus faible que la veille, me permettant une allure soutenue. Sur la route un indien en vélo vient se mettre dans mon sillage, pour profitter du phénomène "d'aspiration". Ne voulant pas passer pour une mauviette, ja garde la même vitesse dans les montées, y laisse mes deux poumons, et continue en apnée. Dur dur le manque d'air! Nous mettrons à peine une heure pour rejoindre la ville. Celle-ci semble vide aux premiers abords, mais arrivés prés de la gare routière, on se retrouve au milieu d'une horde de Boliviens portant d'énormes sacs de coca et autres produits illicites en Argentine, passés plus ou moins en fraude. Cette ville est collée à Villazon, de l'autre coté de la frontière, que je traverserai demain. Je décide de rester en Argentine une dernière nuit, puisqu'elle ne semble pas vouloir me laisser partir, quitte à me retenir par la peau des fesses : je viens de craquer mon pantalon en pleine rue, déclenchant les rires des badauds, et les miens évidemment, puisque le ridicule ne tue pas : il te rend plus fort!

18 commentaires:

  1. Bien la fin ... Merci L 'Argentine de ce clin d'oeil final et désopilant.
    Tu a un pantalon de rechange ?
    Bonjour la Bolivie, mais le Pérou, ZAPPE-LE !
    que d'histoires de braquage et violence, alors mets Sylvio dans un bus, et toi avec et va à l'essentiel : machupichu et basta. trop dangereux.
    c'est un ordre !
    et interdiction de nous laisser encore comme ça si longtemps sans nouvelles.
    ça aussi , c'est un ordre !
    et ceux qui vont écrire derrière moi (n'est-ce pas donzelle N°2°) vont dire la même chose -

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  2. Et non ce n'est pas donzelle n°2 mais bon je suis assez d'accord quand même. C'est cool que tu sois encore vivant. Je transmettrai à Sylvio l'original qui a l'heure actuelle, n'a pas internet et ne capte avec son téléphone que s'il va au sommet de la colline. Vive la corse...

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  3. honorable venerable24 juillet 2010 à 11:39

    sorrow de sorocho /peligro muy grande §

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  4. Ouf!!!Tu ne t'es pas tranformé en congère sur le bord d'une route, c'est déjà ça...
    Toute la bande des nettoyeurs et même le perro loco sont d'accord pas le Pérou, trop peligroso!
    Bizz de toute la bande.

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  5. TU VOIS !!! Ils sont TOUS d'accord !!!!

    NO PERU !!! ou alors escorté de la légion étrangère .. ou moi, à la rigueur (avec Nikita..)
    mais ou est Donzelle N° 2 ?

    je compte sur elle ...

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  6. Elle est laaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!
    Ouf, j'espère juste à temps...

    Voila notre slogan tout trouvé :
    NO PERU !!!
    Nous le scanderons partout sur le blog : NO PE-RU !!! NO PE-RU !!! NO PE-RU !!!
    Assez fort pour que tu l'entendes de là où tu te trouves.
    Aucun répit ne nous sera accordé avant que notre mission ne soit accomplie!
    NO PE-RU !!! NO PE-RU !!! NO PE-RU!!!

    Sinon contente d'avoir de tes nouvelles! Ca fait bien plaisir! Je file voir les photos.

    Et comme le dit la donzelle n°1 : ne nous laisse plus sans nouvelle si longtemps!

    NO PE-RU !!! NO PE-RU!!! NO PE-RU!!!

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  7. Vous êtes cinglées les donzelles...

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  8. Bon, à la lumière de ce que je viens de lire sur le Perou sur le site du ministère des affaires étrangères, je confirme : NO PE-RU ! NO PE-RU!!! Pirates de la route qui attaquent les touristes isolés, délinquants en villes, faux guides qui te dépouillent dans les campagnes... Et puis un glissement de terrain a provoqué la fermeture de la ligne du train assurant la visite du machu picchu à cause des pluies violentes qui ont eu lieu de janvier à avril. Je viens de voir que le site est ouvert, mais il faut rester prudent.

    C'est bien dommage, le Pérou doit pourtant etre un si joli pays!

    Voici le lien pour toi Olive : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs_909/pays_12191/perou_12345/index.html

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  9. NO PERU-NO PERU ! OUI !
    Il s'en fiche du site du ministere des aff etrangeres, ça fait longtemps que je lui en ai parlé, il l' a vu mais tête de lard n'a pas voulu les croire. et je lui ai donné le site d'un francais cycliste qui est en train de faire le même trajet, et au Pérou il s' est fait braquer par 2 hommes. Il n'avait rien sur lui, mais si il s'était défendu ils l'auraient zigouillé.
    si Olive défend ne serait ce que son appareil photo (ou Totoro), c'est bon ! donc, : NO PERU, C'EST TOUT et ça rime
    www.un-petit-tour.com
    pas mal fait son site aussi.

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  10. Devant tant de determination, Olivier ne peut que céder!

    NO PE-RU !!!

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  11. Hola hijo,

    Bon, mon message d'hier soir n'a pas été enregistré et je n'ai certainement appuyé sur la bonne touche finale.
    Il semble qu'il y ait une levée de boucliers sur le Pérou et j'avoue que je ne suis pas de cet avis. C'est un pays qui mérite plus que l'Argentine mais il faudra le prendre dans l'axe N-S et le moins possible en E-O sinon tes muscles vont souffrir. Il ne faut pas rater Machu Pichu et ses environs...
    En attendant, profite de la Bolivie qui (par l'intermédiaire du cycliste Suisse) devrait être facile car plus plat malgré l'altitude.
    On rêve tous en regardant tes phots.

    Gros bisous

    Papasito

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  12. ARRIVE A UYUNI EN BOLIVIE STOP PROBLEME DE VELO SUR LES QUATRE VINGT DIX DERNIERS KILOMETRES STOP AI DU PRENDRE UN BUS SUR CETTE DISTANCE POUR REPARATIONS STOP N'AI PAS PU PROFITTER DU PAYSAGE STOP REFAIT DONC CETTE PORTION DANS DEUX JOURS MAIS AVEC LE VELO STOP NE QUITTEZ PAS JE REVIENS STOP

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  13. bon, reposes toi un peu à uyuni, le temps que El Sylvio se remette en forme. Il y a un réparateur de vélo la bas ?
    et ma questionl : tu retournes au Chili ?
    bises

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  14. Be careful o'brother. le desert d'Uyuni est hardos...Suis les 4x4 !!

    bisous

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  15. Que pasa ?

    Les croues de ton vélo sont carrées ?

    Les donzelles se sont évanouies et je suis seul à suivre ...

    Donne nous des nouvelles un peu plus concrètes

    Gros Bisous

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  16. El sylvio (l'original)2 août 2010 à 02:03

    El silvio original n'a plus de telephone (en attente de réparations) mais possède toujours internet (pour les mauvaises langues...) pour le journal de bord du capitan. Devrais-tu aller au perou? je ne sais pas vraiment si le pérou c'est le pérou, tu devrais plutot tracer directement vers la floride, via hispagnola. Et puis en plus le pérou c'est plein de ruines inutiles, qui n'interressent que les obsédés de la balayette (ou de la balalette, dérivé du balal, petit instrument courbe recouvert de poils de chiendent destinée à one ne sait pas trop quoi)... J'espère que tu auras le temps d'aller voir Twilight, ça fera un moment de culture et de fraicheur qui ne nuira pas à ta personne. Sur ces paroles pleines d'un dense enseignement et d'une profondeur équivalente aux abysses de ma bêtise je te laisse regagner ton duvet -30 et moi mon ventilo....

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  17. Elles sont trop belles tes photos mon poivre. Je fais du traffic avec!!!! Non je blague par contre je me les mets....en paysage d'ordi.

    bises

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