Vers le sud

Jamais je n'aurais cru qu'un paysage pouvait offrir si peu de diversité sur de si grandes distances! Le voyage en bus dura 49 heures, et de tout ce temps, hormis dans l'extrème sud de la Terre de feu, je n'ai vu que de la pampa, de la pampa, et encore de la pampa... Des broussailles sur un terrain plat, une route parfaitememt droite, des villages (trés) isolés, voila tout ce qui caractérise ces quelques 3200 kilomètres de voyage.
Les bus sont trés confortables, heureusememt. Il faut dire qu'il s'agit du moyen de transport de plus utilisé dans le pays, et les infrastructures mises en place sont nettement plus développées qu'en France (certaines gares routières en particulier sont impressionantes, comparables en taille à un aéroport international).
Rien de palpitant donc, sur ce trajet pour lequel je ne regrette pas d'avoir pris le bus.
Un changement de bus raté, à Rio Gallegos, m'a forcé à rester dans cette petite ville une journée complète. Hormis un joli parc et un musée minuscule (mais néanmoins intéressant), elle ne laisse pas un souvenir impérissable. En revenche, d'autres petits villages traversés sont nettement plus pittoresques : leurs rues de terre battue, droites comme des "i", leurs facades décrépies,le calme ambiant, et les quelques Gauchos(cow-boys Argentins) entre-apercus, tout rappelle les décors des films de westerns.
Parfois aussi on croise une décharge en plein air, autour desquelles le vent a dispersé des sacs plastique sur plusieurs hectares.. Certains de ces déchets sont réemployés pour bâtir des maisons de fortune, qui jouxtent ces zones polluées. Dans de telles conditions, à plusieurs centaines de kilomètres du premier village, je me demande de quoi vivent leurs occupants.
A la fin du deuxième jours, on apercoit les premiers animaux sauvages : Guanacos (petits lamas), Caracaras (rapaces), renards gris, et Rheas (petites autruches). Au plus on avance, au plus leur nombre croît. L'absence de prédateurs les rend peu farouches, et le bus qui passe à quelques mètres à peine ne semble pas les déranger outre mesure.
Une fois passé le détroit de Magellan sur une barge, nous apercevons les premières forêts dignes de ce nom, dont les arbres soumis en permanence à des vents violents adoptent des formes extrèmement torturées, trés impressionantes. Le sol est entièrement couvert de mousse et de petites fleures blanches.
Puis les montagnes de la cordillère des Andes approchant, on ne fait plus attention qu'à elles. Sortant abruptement du sol et des lacs, leurs sommets déchiquetés sont enneigés, et semblent bien plus sauvages -et inquiétants- que ce que j'avais vu auparavant dans les alpes et les pyrénées.
Nous cheminons sur quelques centaines de kilomètres au milieu de ce décors, avant d'arriver enfin dans une grosse bourgade de la "fin del mundo" : Ushuaia.