samedi 13 mars 2010

Ushuaia



Me voici sur le point de quitter Ushuaia. J'y serais resté bien plus longtemps que prévu, ce qui m'a permis d'en faire un p'tit tour assez complet.

La "ville la plus australe du monde" ne correspond pas du tout à l'image de la bourgade perdue que l'on peut s'en faire. Certes une seule route, partiellement en terre, permet de s'y rendre, mais c'est sans compter sur l'aéroport et les arrivées régulières de paquebots, qui charient un interminable flot de touristes. La ville en est profondemment transformée : le centre n'est plus qu'un alignement de boutiques chic, et l'engouement pour cette région a poussé un grand nombre d'Argentins à venir travailler ici, impliquant l'apparition de bâtiments créés sans aucune harmonie. Ainsi on passe tour à tour devant un petit chalet de bois, une cabane de tôle ondulée délabrée, un petit immeuble de béton, etc. Cette architecture chaotique aurait pu être pittoresque si elle ne s'étalait pas sur des kilomètres le long du canal de Beagle. De surcroît, comme dans la plupart des villes visitées, les rues sont surchargées de pylones, fils électriques, ou antennes satellite géantes... Prendre une photo de la ville sans l'un de ces éléments est absolument impossible. Et malgrés ca, il y a dans l'air quelque chose de grisant, qui laisse à penser qu'il y aura toujours quelque chose à découvrir dans cette ville au nom mythique!

C'est en rejoignant les quartiers populaires les plus pauvres que l'on commence à ressentir une authentique ambiance de village : rues en terre battue parcourues par des dizaines de chiens en liberté, délicieuses odeurs de barbecues s'échappant de petits jardins privatifs... et des jeunes, partout, par dizaines, ou centaines, qui prennent possession des rues une fois sortis de l'école. Ils ressemblent en tous points à ceux que nous avons en europe : styles vestimentaires branchés, écoutant généralement de la musique métal (Cypress Hill est en vogue), facilement tatoués ou percés. Ceux en âge de conduire ont presque toujours une voiture-épave tunnée, qui font leur fierté lorsqu'ils passent lentement dans les rues, radio à fond, et pot d'échappement tonitruant...

Mis à part se promener dans la ville et admirer les sublimes paysages qui l'entourrent, il est possible de visiter quelques musées intéressants, en particulier ceux qui traitent de la vie des Yaghans. Aujourd'hui disparu, ce peuple, que Darwin considérait comme étant le plus primitif au monde, avait pour particularité de vivre entièrement nu. Pour lutter contre le froid, ces indiens allumaient des petits feus partout, y compris dans leur canoës, d'où le nom donné à la région Terre de Feu.

Autour d'Ushuaia les activités ne manquent pas. Il est possible de se rendre auprés de colonies de lions de mer ou de manchots, a quelques kilomètres de là. Mais c'est surtout le parc national de Terre de Feu qui retiendra mon attention. Bien que couvrant plusieurs milliers d'hectares, il n'est possible d'en visiter qu'une partie, heureusement suffisement grande pour occuper plusieurs jours un randonneur acharné.
Les différents sentiers accessibles présentent plusieurs types de forêts, ayant chacune une faune et une flore spécifique. On passera le matin sous les troncs d'immenses hêtres, qui semblent communiquer entre eux lorsque leurs branches se mettent à grincer (c'est à dire presque tout le temps, même lorsqu'il n'y a pas de vent!). Puis on continue dans un sinistre bois extrèmement dense qui étouffera le moindre son, avant de se retrouver au milieu de petits arbres aux formes fantaisistes, à écouter les pics de Magellan (cousin du pic-vert) en train de marteler un tronc à la recherche de larves.
Une ascension éprouvante du cerro guanaco nous emmène au royaume des condors, que je n'ai malheureusement pas pu voir ce jour là.. à charge de revenche! Mais le panorama vallait largement le déplacement!
Autres animaux inapercus, les castors furent introduits par l'homme en terre de feu, causant des ravages sur certaines parcelles de forêt (au moyen de barrages ils créent des lacs artificiels dans lesquels ils vivent en sécurité, noyant les arbres qui se trouvaient là). J'ai eu beau rester en faction devant leurs huttes prés de deux heures, bien aprés que le soleil se soit couché, je n'ai pas réussi à voir une de ces fichues bestioles. En revenche, je suis tombé plusieurs fois nez à nez avec des renards, bien moins farouches que leurs cousins européens, étant donné l'absence de prédateurs pour eux.

Aprés 3 jours de camping dans le parc, le mauvais temps et le manque de nourriture m'ont forcé à rentrer à Ushuaia. J'ai pu tester Sylvain (le vélo, du nom de son papa! Oui je suis schyzo et alors?) chargé au maximum (30k environ) et dans des conditions patagoniennes de voyage (route de terre, relief, vent de face), le tout sur une cinquantaine de kilomètres, et pour le moment ca va, le duc tient bon. On verra si je déchante pas dans quelques mois, sur les cols andins, à plus de 4000 mètres d'altitude...
Coté social, soit je passe d'excellents moments avec des gens de tous horizons, à essayer d'améliorer mon espagnol, voir mon anglais (ca progresse, ca progresse...), soit je campe tout seul dans la forêt, où je risque à tout moment de basculer dans le chamanisme Yaghan(j'essaye parfois de commander au vent et à la pluie, mais je ne suis pas encore trés convainquant, je réessayerai en machant des feuilles de coca...).

Ca y est, l'aventure à vélo va pouvoir commencer pour de bon, on rigole plus! Prochaines étapes, Tolhuin et Rio Grande, à 100 et 200 kilomètres d'Ushuaia. Je rejoins Père Poivre à Rio Grande, puis direction le Chili. On se retrouve là-bas!

¡Suerte!

4 commentaires:

  1. ouf ! te voilà de retour du parc ! tu ne t'es pas perdu ! toi qui ne sais jamais ou tu es !!

    Attention tu as écrit "boutiques chiques " .. tu va te faire gronder par la dame qui repère tes fautes !

    Elle est drôle la photo des "illustres"
    Donnes des nouvelles à l'escale de demain. bisous .

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  2. *Attention tu as écrit "boutiques chiques " .. tu va te faire gronder par la dame qui repère tes fautes !* ==> N'ayant pas reperé la faute et ne l'ayant pas retrouvé, je lui fais grâce de celle ci! Et des autres aussi. Oui je sais, me voilà bien trop gentille...

    C'est trop beau Ushuaia, tu veux pas y rester encore un peu plus pour faire d'autres photos? Pense aux miséreux qui n'ont pas l'occasion d'y aller!

    Pédale bien petit homme!

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  3. honorable venerable18 mars 2010 à 18:25

    tu aurais pu pousser jusqu au CAP HORN pour me dire s il est si venté que ça? !
    bon vent honorable ami

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  4. Hasta pronto hombre et commence bien ton tour d'Argentine !

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