Torres del Paine

Et voici le Poivre de retour à Puerto Natales, aprés qu'il ait passé 3 jours à trimer sur son vélo, et 4 jours à crapahuter dans ce merveilleux parc naturel qu'est Torres del Paine. Et je vais vous dire ceci : dans le cas où vous projetteriez de faire un tour en Amérique du sud, vous avez le devoir de venir y faire un treck de quelques jours, afin de contempler certains des paysages les plus impressionants qui existent. Sinon je me fâche.

Rentrons un peu dans les détails de ce petit séjour:

L'aller s'est plutot bien passé, dans de trés beaux paysages bien sauvages, avec une meteo parfaite. 95km vraiment pépère le premier jour, je campe en vue du massif, et des condors planent au dessus de mon bivouac : c'est la grande classe!
Deuxième journée un peu plus coriace, avec les derniers 55 km bien vallonés, sur une route en terre ondulée qui mettait mes fesses au supplice. J'apprends en arrivant qu'il existe un raccourci de 95km, mais qui n'est pas mentionné sur les cartes.. à la bonne heure : je découvrirai cet autre chemin à mon retour!
Depuis mon départ, je me suis débrouillé pour ne pas tomber du vélo; et j'entendais bien rester fièrement en place sur ma selle tout au long du voyage! Objectif zéro chute, mesdames et messieurs! Ben tiens, tu l'as dans l'os! Boum patatrac, j'ai renversé le Poivre, avec force roulades et injures! Pas de casse, heureusement, si ce n'est mon orgueuil qui en a pris un coup : car la chute sus-citée aurait pu être ignorée de tous, si elle n'avait eu lieu devant les membres du jury au grand complet : deux bus remplis de touristes qui s'étaient arrétés pour admirer les montagnes, et accessoirement mes talents de cascadeur. C'est pas de chance quand on sait que je roule dans un quasi-désert humain depuis Ushuaia!
Mais bon on ne va pas s'arrêter sur de si insignifiants détails.

Aprés avoir laissé El Sylvio dans une sorte de garage, je prends mon sac à dos et part découvrir ce que ce fameux parc a à nous offrir. Grosso modo, le circuit principal forme un "W", et nous fait suivre trois vallées, toutes complètement différentes.
A l'ouest, nous allons à la découverte du glacier Grey, superbe étendue de glace de 6 km de large, 30 de long, et 28 mètres de haut! Malheureusement en train de fondre, il laisse derrière lui des rochers fortement marqués par le contact avec la glace. Le lac dans lequel il plonge est trouble, et parsemé d'icebergs. J'ai eu la chance d'en voir un se détacher dans un formidable grondement, longuement répercuté par les parois des montagnes.
Au centre du circuit se trouve la vallée Francès, qui sans chauvinisme aucun, est la plus belle des trois. C'est une sorte de vallée secrète, à laquelle on parvient en suivant une petite rivière sur quelques kilomètres. A son embouchure, un glacier (nettement plus petit que le Grey) y produit régulièrement des avalanches, accompagnées par un fracassant bruit de tonnerre. On débouche ensuite sur une vaste étendue circulaire, entièrement boisée, et entourrée d'un immense rempart rocheux. En automne les arbres prennent des couleurs superbes, qui se détachent parfaitement sur les parois blanches des montagnes. Et comme la nature fait bien les choses, juste au centre de ce petit paradis se trouve un haut promontoir rocheux, duquel on a une vue parfaite sur l'ensemble de la vallée.
A l'est, le sentier trés accidenté nous fait traverser une vallée boisée, jusqu'à nous conduire dans une zone couverte de rochers énormes. On débouche au dessus d'une cuvette, dominée par les spectaculaires tours de Paine, hautes de 2800 mètres, dont les racines se perdent dans les eaux sombres d'un petit lac. Le paysage est lunaire, il n'y a ni végétation, ni bruit, et on s'y sent vraiment écrasé par la masse des montagnes, qui s'élèvent brusquement.

Aprés quasiment 100 km de marche, je suis impatient de remonter sur la selle de ma fougueuse monture... qui se trouve à prés de 40 km de là... Du coup j'avance laborieusement sur la route, et fais un peu de stop. Par chance la première voiture me prend. Ce sont deux Chiliens extrèmement gentils qui font une visite du parc en voiture (oui, en voiture c'est moins intéressant mais bon...). Je ne sais pas comment ils ont pu supporter mon odeur corporelle sur toute cette distance (car je n'avais pas pris de douche depuis 3 jours!), toujours est-il qu'ils m'ont proposé de me raccompagner jusqu'à Puerto Natales, et même de passer les voir une fois que je serais à Santiago. Je ne suis pas sûr que les gens en France soient aussi aimables! Je garde leur adresse mais décide de rentrer en ville par mes propres moyens (et surtout par le fameux raccourci!).

Lors du retour, je crève mon premier pneu sur cette saleté de fichue route, puis je vais faire la visite d'une vaste grotte dans laquelle on a trouvé les restes d'un milodon, sorte de paresseux préhistorique. Le lieu était superbe, mais j'étais bien bien fatigué, et surtout mort de faim, ce qui m'a poussé à renter rapidement en ville pour me baffrer.

Programme pour la suite : deux jours de repos, puis je remonte vers El Calafate pour voir le glacier Perito Moreno, que le papounet a visité en eclaireur.

Salut la compagnie, à bientôt!