vendredi 19 mars 2010

Terre de Feu

Ushuaia - Tolhuin - Rio Grande - San Sebastian - Porvenir


Jeudi 18 mars : Première journée pépère, un peu plus de 100km en environ 6-7 heures. Un petit col sur la route, mais suivi d'une longue descente, donc c'est cool. Première rencontre avec des cyclotouristes, Vincent et Pierrick de Beaujolais, et Catherine et Phil, de Londres, qui roulent ensemble vers Ushuaia. Tous les 4 trés sympas. Ils veulent ne donner plein de matériel et de nourriture dont ils n'auront plus besoin. Je repars avec une chambre à air supplémentaire. On campe ensemble à Tolhuin, puis je les laisse finir leur voyage, tandis que je remonte vers Rio Grande.





Vendredi 19 mars : Visite de Tolhuin le matin,avec un peu de geekisme (faut bien donner des nouvelles à la mama sinon!). Départ à 14h vers Rio Grande. 80km parcourus facilement, route à peu prés plate et trés léger vent de face. Pas mal de guanacos sur la chaussée. Ces bestioles sont étranges : autant elles n'ont pas peur des voitures et camions qui les frôlent en passant à toute allure, autant une petite bicyclette de rien du tout les effraie au plus haut point. Moi qui pensais les prendre en photos facilement, je vais devoir employer des ruses de sioux pour les approcher...
En fin de journée je monte la tente dans une forêt un peu lugubre (Fangorn?), alors que le vent commence à se faire de plus en plus fort.





Samedi 20 mars : Il ne reste que 50km pour rallier Rio Grande, mais un vent violent (100km/h) souffle pleine face : même les descentes sont dures à prendre (violents écarts, et vitesse de pointe à 10km/h en pédalant comme un fou). En face les cyclistes que je croise s'en donnent à coeur joie! Un couple poursuit son 2eme tour du monde à vélo!!! Je pousse toute la matinée (et même à pied c'est dur!), puis à 30 km de la ville un camioneur s'arrête et propose de m'emmener à destination. Il y a un gros nuage de pluie qui approche : je fais ma mauviette et accepte. Plus qu'a attendre le papounet qui vient dans deux jours.





Lundi 22 mars : A moins que vous ne soyez un fada inconditionnel de la pêche, ne vous attardez jamais à Rio Grande. Cette ville n'a guère à offrir que ses rivières poissoneuses (les truites y ont une renommée mondiale), et au point de vue culturel, c'est le néant... Les bâtiments sont tristes, et le plan des rues, en damier comme presque partout en Amérique, n'offre aucune protection face au vent redoutable. Du coup les gens restent chez eux, et à l'extèrieur aucune vie de quartier n'est perceptible.
Quelques points positifs tout de même : Pour palier à la tristesse qui reigne au dehors, l'intérieur des maisons est bien plus accueillant. Mon auberge, fréquentée presque exclusivement par des Argentins en déplacement professionel, offre une ambiance encore plus conviviale que celles où j'étais auparavant. Tout le monde se réunit dans le salon pour discuter ou regarder un match de foot, et le maté passe sans arrêt de mains en mains.
Le maté est une institution en Argentine, et dans les pays latino-américains du sud-est en général . En boire, ce doit être un peu comparable à fumer la pipe, ou un calumet de la paix. On bourre un gobelet d'herbe à maté, on y plonge une sorte de paille généralement en argent (la bombilla) qui présente un embout filtré, puis on y fait couler l'eau brulante. Chaque personne videra le gobelet entièrement, puis le convive le remplira de nouveau avant de le donner à quelqu'un d'autre. En regardant les Argentins siroter tranquillement leur maté, on s'attendrait presque à les voir faire des ronds de fumée derrière. Mes premiers essais ont failli me faire tirer la langue tant la boisson est brulante et amère, mais en y mettant un peu de sucre ca devient nettement plus intéressant!
L'aprés midi je retrouve Père Poivre, et ça c'est bien! J'ai le droit à un nouveau costume de cycliste (un coupe vent, des gants et un pantalon imperméable vont me changer la vie! Ca change du pantalon de toile, poncho déchiré, et gants mapa...). Il y a même du matériel photo de secours (merci la mama!) et surtout ma nouvelle carte de retrait. On passera la soirée et la matinée suivante ensemble, avant qu'il ne parte à son tour pour Ushuaia.





Mardi 23 mars : Lorsqu'el padre est parti et que j'ai fini de faire mes courses, il est deja 16h... Je vais quand même avancer un peu à vélo. 25 km, c'est symbolique, mais c'est toujours ça de pris.





Mercredi 24 mars : Direction San Sebastian de Argentina. Il existe un village de même nom 15 km plus loin, au Chili. il n'y a que 60 km pour y arriver, mais le vent souffle toujours l'aprés midi, et comme je ne suis jamais parti avant 11 heure, je me le coltine un bon moment. le paysage est un peu monotone (pampa) mais le ciel est toujours superbe. Vers 2h je demande la permission de manger à l'abris du vent, dans un estencia (ferme-ranch). Une cuisine est à ma disposition, dans le bâtiment des ouvriers. Super!
J'arrive en fin d'aprés midi à San Sebastian. L'hôtel est trop cher, je passe la frontière pour camper au Chili. Pendant le nuit des chevaux viennent se promener juste devant ma tente, et je vois leurs ombres se projetter sur les parois. Génial!





Jeudi 25 mars : Une fois la frontière Chilienne passée, la route n'est plus bitumée : c'est de la terre et du gravier jusqu'à ma prochaine étape, Porvenir à 155 km. Le bon point c'est que le vent ne souffle plus. Le mauvais point c'est qu'il pleut, mais ca me dérange pas trop. Ca avance pas mal. Je ferais 75 km le premier jour, ponctués de rencontres avec motards et cyclistes. Le soir il n'y a nulle part ou planter la tente, du coup je la pose à deux mètres de la route. Heureusement qu'il ne passe presque personne.








Vendredi 26 mars : je fais mes derniers 85 km tranquilou. A mi-parcours, ma batterie d'appareil photo me lâche, alors que le payage devient superbe. J'enrage! La route suit la baie Inutile (c'est son nom), en passant par des combes qui me font monter et descendre sans arrêt, et le sol est boueux. C'est quand même assez dur sur la fin. Arrivée à Porvenir en fin d'aprés midi. C'est un joli petit village avec des toits bleus et des murs de tôle ondulée. Les gens me regardent tous bizarrement. Une fois dans ma salle de bain de l'hotel je comprends pourquoi : j'ai de la boue partout sur la tronche! Une fois lavé mon estomac réclame à manger, en trés grande quantité. Le maître de maison me conseille un restaurant croate (il est d'origine croate, comme les trois quarts de la population du village). J'y prends deux plats super bons à base d'araignée de mer, en écoutant un groupe croate venu chanter des classiques du pays. Drôle d'ambiance, mais j'apprécie.
Anecdote : à un moment de la journée, j'apercois un gros tracteur qui avait labouré la moitié de la route, en train de faire demi tour pour finir l'autre moitié. Mais allez donc rouler sur de la terre fraichement battue! Du coup je m'empresse de passer devant lui, pour profitter de la partie de terre encore bien dure. S'ensuit alors une course-poursuite sur 10 km, facon Indiana Jones fuyant devant un énorme rocher, où le tracteur me filera de prés, m'obligeant à garder un allure soutenue sur toute cette distance. Lorsqu'enfin il s'arrête, je fais un peu le cake, (style "ca y est tu renonce deja?"), puis une fois hors de vue je vais m'écrouler sur le bas-coté pour reprendre mon souffle. La prochaine fois je roulerais dans la terre labourée!





Porvenir est la capitale de province en Terre de feu Chilienne. L'agglomération est assez petite, mais sa commune s'étale sur plus de 130 kilomètres (le panneau de bienvenue était déja visible en sortant de San Sebastian...). C'est le seul véritable village Chilien dans cette région, et le dernier que je visiterais avant de prendre le ferry pour Punta Arenas, en Patagonie.

15 commentaires:

  1. je suis avec yamina et pierre, on t'embrasse tres fort. ils ont vu tes photos, et sont trés admiratifs. bisous

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  2. yeah vas y Poipoi!!!

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  3. Bonjour Poulidor,

    T'ai laissé un message sur ton mail... J'ai besoin d'une réponse rapide (le mieux c'est que tu me laisse un message sur portable. A lunes !

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  4. Je tiens à laisser un petit mot pour le pauvre ponchon déchiré par le vent. Paix à son âme. Nous penserons tous lontemps à lui. (Mais olivier m'ayant annoncé qu'il était contraint de voyager nu maintenant pensons surtout aux pauvres autochtones).

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  5. Tout va bien, je me suis taillé un costard en peaux de pingouins. Merci pour ta sollicitude Perly, les autochtones ne souffrent plus!

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  6. C'est trop beau ^^ vive la nature coin ! Pauvre petit renard ouin :( Tout se passe bien alors? Super Poivre fait pépère ses 100 km par jour: et mange des soupe knoor on dirait :p Je te fais un bisou, à bientot !

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  7. "geekisme " je ne saurais traduire ? et en plus , ce serait pour moi, ce geekisme ??? ké za ko ?
    je demanderais à Virginie.
    eh bien , les guanacos te prennent ni plus ni moins pour un singe à 2 roues, c'est à dire quelque chose d'extremement suspect et ils ont bien raison d' en être effrayés.
    Bon , et il souffle tous les jours ce vent là ? à ce rythme tu n' ira pas si vite que ça, ou alors en camion !
    ou en bus .. bises

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  8. Coucou Poivrounet,
    La bande des nettoyeurs fous sont suspendus à ton récit...Nous nous demandions si nous pouvions t'envoyer des kinders Bueno quelque part?
    Besos de todos
    Nathalie

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  9. Nathalie : Hmmm oui des kinders buenos.... j'en rêve. Il y en a pas ici, ils ne vendent quasiment que les productions nationales! Du coup si les douaniers trouvent le paquet ils vont se le siffler vite fait bien fait! Est ce que Djodge veut que je fasse du démarchage dans le coin pour élargir la zone d'activité?

    Madre mia : un geek c'est quelqu'un qui reste tout le temps sur son ordinateur. Initialement ca ne s'adressait pas à toi, mais vu le nombre de mails que tu m'envois, je pense que tu es bien partie pour devenir un sacrée geek!

    Pika : non c'est pas de la soupe, c'est des pâtes avec un bouillon knorr, pour changer un peu le goût de temps en temps (sinon c'est pâtes/thon/ketchup). C'est pas avec de la soupe que je vais tenir le coup, je suis pas un pokemon moi!

    Bisous!

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  10. Sur la première photo avec ton père on peut voir clairement ta ressemblance avec le nasique. Tu sais sans doute que c'est un atout de séduction chez ce singe. Je t'informe que ce n'est pas le cas chez l'être humain! :p
    Allez un mot gentil pour équilibrer mon propos : tu fais vraiment de magnifiques photos!
    Et sinon, tu as retrouvé ton carnet de route?
    Bises et continue de bien pédaler!

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  11. tu as choisi l'hotel pour son mur d'escalade ? in door ?
    sacré loustic !
    et la suite ?

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  12. Yes!!! J'adore mon poivrounet. Trop bien. La suite la suite!

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  13. Salut poivro !

    Bon, j'ai pas pu regardé tes photos en grand mais je suis sure qu'elles sont magnifiques.
    Dur dur le vent du nord, tu devrais peut etre faire un bout de chemin en bus, non?
    J'ai eu p'pa au tel, il était heureux de te voir. Il parait que t'a maigri? Goute donc aux papas fritas muy grassas !
    Bon, moi aussi je prepare mes petits periples...moins exotiques.

    Gros besos

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  14. bon virginie, je passe par le chili pour avoir des nouvelles de toi !
    appelles moi un jour, merci !

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  15. honorable venerable29 mars 2010 à 22:11

    tu devrais equiper ton velocipede d un greement de planche a voile : plus besoin de pedaler et avec deux flotteurs tu remontes tous les canaux de Patagonie ??crois en ma longue experience ; c 'est le vent qui fait tout le travail!!!

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